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Trichomonose chez les pigeons : les causes, les symptômes et le traitement

Vous pensez vraiment tout savoir sur la trichomonose ? Les examens réguliers par écouvillonnage du jabot peuvent révéler bien des surprises, comme par exemple la présence de Trichomonas moins de 15 jours après la fin d'un traitement supposé efficace.



LA MALADIE

La trichomonose se manifeste par des lésions inflammatoires aiguës exsudatives (plaques blanchâtres ou jaunâtres) de l'oropharynx, des sinus, de l'oesophage et du jabot, ainsi que par des lésions de nécrose et des abcès hépatiques. Le diagnostic différentiel doit écarter l'herpès virose et la variole. Ces deux pathologies sont d'ailleurs des facteurs déclenchants précurseurs de la trichomonose.


Les responsables de cette affection sont des protozoaires flagellés appelés Trichomonas gallinae et Trichomonas columbia. 80% des pigeons sont des porteurs sains. Les Trichomonas sont les hôtes habituels des intestins des oiseaux. Les pigeonneaux "naïfs" accueillent une certaine quantité de protozoaires lors du gavage. Un stress intestinal provoqué par une cure d'antibiotiques ou par une série d'efforts physiques exagérés induit une augmentation de la population de ces parasites qui envahissent les organes voisins comme le jabot.


L'ANALYSE MICROSCOPIQUE

Le diagnostic étiologique de la trichomonose est simple. Après avoir réalisé un écouvillonnage du fond du jabot, nous pouvons examiner l'échantillon directement au microscope. Les Trichomonas sont extrêmement mobiles. L'examen ne peut être différé car leur survie à l'extérieur du pigeon est relativement courte. Ils meurent rapidement en milieu sec.



L'INTERPRETATION

Selon la quantité de germes observés, j'attribue une note de gravité :

0

Absence de trichomonose

1

Présence de protozoaires isolés

2

Présence de plusieurs amas de protozoaires

3

Présence d’un tapis de protozoaires recouvrant le champ de vision

La trichomonose a toujours une cause sous-jacente. Dans certains cas, une infection primaire qu'il faudra rechercher provoque une infection secondaire de trichomonose.


LES CAUSES SOUS-JACENTES

  1. Un milieu favorable à la survie de ces protozoaires, comme une eau de qualité médiocre, un colombier trop chaud ou mal ventilé et donc trop humide, ainsi qu'une surpopulation d'oiseaux, favorisent la multiplication et l'agressivité de ces microbes.

  2. Une faiblesse des défenses naturelles :

    1. L'immunodéficience héréditaire permanente concerne des sujets sensibles à toutes les maladies et cette faiblesse est transmise par les parents. Les parents, ainsi que leur descendance, ne pourront être conservés au sein de votre colonie.

    2. L'immunodéficience temporaire se rencontre chez les pigeonneaux et les yearlings; elle correspond à la période d'apprentissage de l'immunité active de ces catégories d'oiseaux. Ils doivent s'adapter aux différentes pathologies rencontrées et cela demande du temps. C'est pour cette raison que la durée de convalescence après une maladie doit être de 3 semaines au minimum. Le retour précoce à la compétition s'avérerait catastrophique tant au niveau des pertes qu'au niveau des résultats.

  3. Le stress ou syndrome général d'adaptation est une réaction organique identique de défense contre tout agent "stresseur" qui contrarie le pigeon. Ce dernier déclenche et stimule la production et la libération d'adrénaline et de cortisol. La disparition de l'agent stresseur met fin à la réaction et se conclut par une libération d'endorphines, hormones de la satisfaction. Si les agressions sont répétées, le pigeon est tendu tant physiquement que psychologiquement, ou au contraire, il peut être déprimé. Quoiqu'il en soit, ce pigeon sera largement plus sensible à la trichomonose ou aura tendance à avoir des fientes liquides même en l'absence de germes. La solution la plus simple consiste à isoler le pigeon avec sa femelle.

  4. La fatigue provient d'une alimentation inadaptée aux besoins du pigeon participant à des épreuves sportives répétées ou à un rythme d'épreuves inadéquat. Un colombophile averti cherchera toujours à améliorer sa méthode d'alimentation et aura l'instinct de proposer des périodes de repos à ses champions.

  5. Les infections primaires telles que la circovirose, l'herpèsvirose ou d'autres agents de troubles respiratoires, sans oublier les vers et la paratyphose, favorisent le développement de la trichomonose.

Malheureusement, ces causes sous-jacentes peuvent s'unir pour affaiblir davantage nos pigeons.


LES SOLUTIONS CURATIVES

Les traitements font appel à des molécules de la famille des nitro-5-imidazolés : carnidazole, dimétridazole, métronidazole et ronidazole.


A des degrés différents selon la molécule, ces substances ont des effets secondaires notables tels que la baisse des globules blancs, des atteintes hépatiques, des oeufs clairs ou noirs et des troubles neurologiques rappelant la maladie de Newcastle. De plus, elles tuent les bifidobactéries utiles pour l'organisme. C'est pour cette raison que je les associe à des compléments permettant de contrôler leurs effets indésirables.


Il est donc nécessaire d'utiliser ces médicaments en respectant les règles appropriées : de préférence après un diagnostic étiologique et selon un timing précis.


Cas N°1. Traitement stratégique au moment de l’élevage :

​1 mois avant d’accoupler

​Vermifuger

3 semaines avant d’accoupler

​Vacciner contre la paramyxovirose et la paratyphose

​Après la ponte du 2ème oeuf

​Administrer un traitement anti protozoaires pendant 3 à 5 jours

​A l’issue du traitement

​Réensemencer la flore et administrer un hépato protecteur pendant 10 jours

En respectant ce protocole, nous renforçons les défenses immunitaires, nous éliminons trois grandes infections primaires et nous évitons les effets secondaires du traitement.

Bilan de l'opération : les pigeonneaux bénéficient d'une forte immunité passive et auront un minimum de microbes.


Cas N°2. Traitement d’un pigeon diagnostiqué note de gravité 3. Les autres pigeons sont indemnes donc gravité 0.

​Jour du diagnostic = J0

​Les 3 jours suivants J1 à J3

​Administrer un mucolytique par voie oculaire, administrer 20 mg de carnidazole ou 125 mg de métronidazole et un comprimé de vitamines B.

​J4 à J14

Administrer des pré et pro biotiques associé à du DESMODIUM. L’accoupler à sa femelle habituelle.

​J15

​Refaire un contrôle par écouvillonnage du jabot du mâle et de sa femelle.

Le mucolytique est indiqué lorsque nous observons un tapis de protozoaires. En effet, ces amas de microbes fabriquent un bouclier de muco-polysaccharides atténuant l’efficacité des dérivés nitro-5-imidazolés.


SOLUTIONS CORRECTIVES

L'amélioration du colombier et recherche d’une alimentation performante sont toujours d’actualité. Je ne reviens pas sur l’étude du colombier, sujet principal de mon article paru dans le bulletin National (FCF) N°173. J’insiste sur l’importance de lutter contre le stress thermique. J’ai eu l’occasion de visiter des colombiers agréablement tempérés au cours de cet été alors que nous subissions la canicule. Certains colombophiles administrent des électrolytes chaque jour des mois de juin et juillet et sont entièrement satisfaits de cette pratique.


L’alimentation reste un élément majeur de la réussite en colombophilie. Il faut commencer par offrir une ration équilibrée ce qui n’est pas encore le cas dans toutes les colonies visitées. Il n’y a pas de règles absolues, mais une somme de particularités. Faites-vous suivre ou conseiller par un nutritionniste.


CONCLUSION

Il ne faut jamais se contenter d’un diagnostic clinique qui se limite à l’observation des signes visibles de santé ou des signes de performance. D’autre part, l’examen microscopique ne dispense pas de rechercher la présence d’autres infections, comme la paratyphose. Enfin, un traitement minimal associe un dérivé de la famille des nitro-5-imidazolés à un complément contenant des vitamines du groupe B, de la méthionine, des électrolytes et du DESMODIUM.


Il sera impérativement suivi d’un complément pré et probiotique.


En résumé :

  • La trichomonose est une maladie qui peut affecter les pigeons et se manifeste par des lésions et des inflammations dans la bouche, la gorge, l'œsophage et le jabot.

  • Les responsables de la maladie sont des protozoaires appelés Trichomonas gallinae et Trichomonas columbia, que l'on peut trouver dans les intestins des oiseaux. 80% des pigeons sont porteurs sains.

  • Le diagnostic peut être établi grâce à un écouvillonnage du fond du jabot, examiné au microscope. La gravité de la maladie dépend de la quantité de germes observés.

  • La trichomonose a toujours une cause sous-jacente, comme un environnement favorable aux protozoaires, une faiblesse des défenses immunitaires ou le stress des pigeons.

  • Il est important de rechercher les causes sous-jacentes et de gérer les facteurs de risque pour prévenir la trichomonose chez les pigeons.


Dictionnaire du pigeon voyageur par Guy BRASSEUR, 1990. Le pigeon voyageur par Henri VINDEVOGEL, Jean Pierre DUCHATEL et Paul Pierre PASTORET, 1994.
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